A la tete du client ?

Bien que les rues des grandes villes japonaises manquent souvent de charme a cause d'une standardisation - voire d'une americanisation - trop poussee, existent mille et un indices nous permettant de nous comprendre encore bel et bien et en tout lieu, au Japon. Parmi ces choses se trouve l'inhabituelle (chez nous) expression d'un contentement de soi qui va bien au dela de la legitime fierte que peut eprouver le chef d'une entreprise couronnee de succes, mais plutot une sorte de vanite clairement revendiquee par certains patrons nippons qui n'hesitent pas a se payer non pas la tete du client, mais la leur, comme figure de proue de leur activite commerciale. Ca vaut bien toute les mascottes que l'on voit par ailleurs un peu partout dans le pays, mais cela bat tout de meme un peu en breche la supposee modestie japonaise, qui est souvent plus un appel au compliment, qu'une reelle pudeur qui ne saurait souffrir la moindre flatterie.

Voyez par exemple se dresser devant nous, non pas le spectre mais bien une effigie de la blancheur extreme de la peau appliquee a la vie moderne incarnee, la regrettee Suzuki Sonoko dont nous vous avions deja touche deux mots dans un sujet voisin, consacre justement a la sur-paleur comme element de beaute traditionnel japonais...




En France, aucun equivalent a ce genre d'expression publicitaire qui n'est en revanche pas si rare au Japon, ne me vient a l'esprit. Je ne vois qu'Alain Afflelou pour se mettre en avant dans ses messages promotionnels, et quand je dis que je le vois, c'est sans une de ses paires du lunettes sur le nez. Ne pas chercher de sponsor de ce cote-la, helas

Spectacle à la horror manor de chez Mickey Paris........A ce propos,ça marche le Mickeyland de Tokyo,à gauche en venant de l'aéroport?

Nous reparlerons ailleurs de DisneyLand Tokyo si le sujet t'interesses. Mais pour le moment, revenons a nos enseignes "a la tete du patron" avec cette fois-ci quelque chose de bien plus colore, pour ne pas dire de tout de suite plus vivant...




Il s'agit presentement de la devanture d'un des points d'activite de l'entreprise medicale Dr. Akahige (Docteur Barberousse) specialisee dans les cas de dysfonctionnement sexuels. Il est d'ailleurs heureux que le patron ait prefere choisir sa pomme comme enseigne, plutot qu'une autre chose qui aurait pu provoquer l'emoi parmi les passants. Ce n'est pas parce-qu'Akagahige a l'ambition de rendre la banane aux hommes qui manquent de peche, qu'il faut partir dans les choux de la bienseance. Tout de meme.

Sympa le bidule-gadget !

Moins en relief, a tout point de vue, que le sexologue doigt-en-l'air vu ci-dessus, voici une nouvelle illustration de cette megalomanie qui frappe certains patrons nippons, les petits autant que les gros comme vous allez pouvoir le constater.




Voyez ainsi cette enseigne presentant la trombine sur-dimensionnee du patron de cette petite chemiserie se situant entre Kanda et Bunkyo-ku. Au moins est-il souriant, et meme, ne lui trouvez-vous pas comme un vague air de ressemblance avec un certain Barrack O. ?

La statue de Suzuki Sonoko me fait bien plus penser à un mémorial pour une disparu qu'à de l'auto-promotion.

Sortant d'un mitard involontaire,et bénéficiant d'une réduction de peine gracieuse,je ne trouve pas que cette éffigie ressemble à qui que ce soit!

Aaaaah! C'est donc vous, Itto, qui vous connectiez de La Santé!!

L'important,c'est de l'avoir la Santé!(dixit docteur Landru.)

Mais d'après ton copain, c'était uniquement pour les femmes au foyer

C'est Petiot comme jeu de mot................

On tourne le dos deux secondes et le temps qu'on revienne, on retrouve tout notre petit monde bien dissipe et parti dans des traits d'humour noir d'un gout parfois douteux. Aussi pour revenir a quelque chose de plus raffine au palais, allons trainer aux abords d'un restaurant - evidemment - francais de Tokyo ou parait-il, le patron ne se paye pas la tete du client...




Il ne se paye pas la notre, mais en nous approchant un peu de l'entree, nous nous apercevons rapidement qu'il s'est paye la sienne. Un peu cabotin le bonhomme, mais nous n'allons pas en faire un plat car il a tout de meme une bonne bouille, le chef Kihara Katsuiku. Ce qui lui ouvre donc en grand les portes du menu sujet qui est sur la table, encore tout chaud et tout fumant.

As-tu poussé l'enquête plus loin ? Es-tu entré et as-tu dégusté le menu de ce restaurant de Ginza ? Qu'en penses-tu rapport qualité/prix ?

Pour dire la verite, j'y ai mange il y a quelque temps deja et je ne me souviens pas trop des details, sinon que c'etait delicieux et un peu cher, comme l'est (trop) souvent la cuisine francaise au Japon. Il n'empeche que le chef est une pointure reconnue dans la profession, reputation meritee d'ailleurs. Pour en savoir davantage que ma pauvre memoire gustative ne saurait vous en apprendre, le plus simple est de vous rendre - si vous savez un peu le japonais - sur la page consacree a ce restaurant, du site GuruNavi, l'ami des gastronomes en culottes longues au Japon: pour le Cinquante-Neuf sur GuruNavi, cliquer ici

Mais voila qui amene la suite a ce petit tour d'inspection des "tetes de chef" en tant qu'enseigne commerciale, avec cette fois-ci la declinaison d'un mastard "a la sauce de soja" mais comme vous allez le constater, pour une fois ce n'est pas d'un Japonais qu'il s'agit...




Vous avez deja du le reconnaitre, il s'agit bien de l'effigie de Harland David Sanders alias le Colonel Sanders, fondateur desormais bien connu en France aussi de la marque Kentucky Fried Chicken. Nous le retrouvons ici comme a son habitude portant son sempiternel costume d'homme d'affaires issu de l'Amerique profonde, mais pour faire plus "couleur locale", lui ont ete rajoutes des vetements folkloriques japonais, ruse simple mais qui fonctionne parfaitement sur l'esprit de beaucoup de consommateurs nippons.

Il est a souligner a ce propos que les marques etrangeres qui possedent une strategie poussee d'implantation et une puissance de feu financiere suffisante, recourent souvent a ce procede de "japonisation" de leurs produits afin de contourner le sentiment naturel au Japon de distanciation, voire de defiance vis-a-vis des produits etrangers. D'autres marques comme Coca-Cola, McDonald's, Procter&Gamble par exemple ont parfaitement reussi leur integration au Pays du Soleil levant, ce qui leur a permis non seulement de vendre davantage mais encore de posseder leur propre filiere de distribution, chose aussi rare que precieuse dans un pays ou les intermediaires incontournables sont capables de faire capoter une entreprise, meme une grosse comme Carrefour a helas eu a l'apprendre a ses depens.

Une pareille strategie est parfois mise en oeuvre en France aussi, mais les Francais etant assez friands de produits extra-europeens en general, la necessite ne fait pas loi ici... avec les tatonnements qui en decoulent, comme nous en voyons un exemple ci-dessous:




Notre bon Eddie est certes un "boss" a sa facon, mais il est loin d'etre "LE" boss que nous sachions, a moins que ce soit que l'on nous revele ici de facon cryptique la veritable identitee de Ronald ? Un Ronald qui, metionnons-le au passage, s'appelle Donald au Japon. Allez savoir pourquoi...