Affiches immobilieres

Tout le monde le sait, la speculation fonciere aura ete l'une des caracteristiques les plus marquantes de l'economie extremement florissante du Japon des annees 80 et 90. Helas tout cela - ce que l'on a nomme la bulle economique - a fini par tomber en panne, terrible correction de la part de la realite qui aura entraine des faillites de petites banques et de maisons de courtages, des restructurations parmi les grandes, des plans sociaux et des depots de bilan dans les entreprises ou l'investissement "dans la pierre" avait ete un peu trop audacieux et surtout mal inspire.

Depuis la fin des annees 90 donc, le marche cherche a se remettre, tel un individu qui sort d'une grave maladie, et tout est tente pour faire redemarrer le foncier, malgre l'immense scepticisme qui s'est emparre des japonais, dont beaucoup auront paye 20, 30, 50% trop cher leur logement il y a 20 ans, et qui ne trouvent evidemment plus preneur quand ils veulent le mettre en vente aujourd'hui.

Il est donc plus que necessaire, de faire appel a la publicite pour tenter de convaincre les clients potentiels, que la realite est autre que telle qu'ils se la figurent... et comme ce n'est pas gagne d'avance, tous les arguments sont bons comme vous allez le voir.


1) L'autorite.

Quand on a peur de se lancer dans l'acquisition d'un bien immobilier, l'un des freins est la crainte de se "ruiner" dans l'achat d'un appartement construit et gere par un entrepreneur inconsistant ou pouvant disparaitre du jour au lendemain. Il importe donc que l'on recherche une caution credible, et pourquoi pas puisque nous sommes au Japon, celle d'un groupe de presse bien connu ?




Qu'a cela ne tienne ! Voici donc les residences... Sankei, le meme groupe Sankei qui possede le quotidien national du meme nom, et la 8eme chaine de television. Apres le macon qui se lance dans la television (TF1), voici tres logiquement la television qui se lance dans la pierre

2) La tradition

L'immobilier, c'est aussi l'idee de la solidite un peu partout dans le monde... mais avec un moderateur de taille au Japon: le tremblement de terre. Il convient donc pour rasserener l'acheteur potentiel, d'instiller dans le message qui lui est adresse, une dose de durabilite, tant pour le persuader que ce qu'il va acheter va lui durer longtemps, que pour contrer les critiques adressees - souvent a raison - a l'architecture impersonnelle d'aujourd'hui. La tradition au secours de l'actualite, voila une technique bien rodee au Japon.




Legende: dans le coin superieur gauche de l'affiche apparait un extrait du plan du quartier tel qu'il etait a l'Epoque Edo, puis au centre, une vue aerienne du meme quartier tel qu'il est configure de nos jours.

Ce qui me parait amusant dans cette affiche publicitaire , c'est que le Japon qui se veut être un pays moderne (influence Américaine oblige) joue toujours sur l'image de la femme vêtue de façon traditionnelle , alors que le kimono (le beau ) ne se porte plus que pour des occasions exceptionnelles.

Stella a écrit:

...alors que le kimono (le beau ) ne se porte plus que pour des occasions exceptionnelles.

Tout dépend des gens. Pas plus tard qu'avant hier, ma femme et moi sommes allés manger dehors et elle portait son kimono. Certes elle suit des cours de kitsuke, ce qui lui permet de revêtir cet habit elle-même. Mais il il est vrai que de moins en moins de japonais portent le kimono, habit à la fois cher, difficile à mettre et bien peu pratique dans une vie moderne de tous les jours.

Si d'avantage de personnes ne portent pas de kimono, c'est aussi pour les femmes, la difficulte a l'endosser soi-meme et dans un temps de preparation raisonnable, et de facon plus generale, parce-qu'une majorite d'entreprises possede un code vestimentaire rigide auquel aucun kimono, meme le plus beau, ne saurait contrevenir.

C'est dommage, mais c'est comme ca.


3) La vedette

Il y a quelques annees, une chronique d'un magazine francais lancait une formule aussi juste qu'amusante: quand le cinema bat de l'aile, il faut de la cuisse. Et de fait, la cuisse est souvent utilisee par paresse dans la publicite francaise qui fonctionne beaucoup avec les femmes nues et les bebes. Enlevez le droit aux publicitaires hexagonaux d'employer ces deux sources iconographiques, et vous aurez droit dans l'heure qui suit a un festival de defenestrations des desesperes de la publosphere parisienne.

Au Japon, point de femme nue (en tout cas plutot rarement) et pas trop de bebes... mais quand la cause devient pressante, rien ne vaut ici, comme une bonne grosse vedette, surtout si on a les moyens de se payer une tete d'affiche d'Hollywood.

Le tout est ici moins de convaincre que de faire rever: les hommes s'identifient a l'acteur qui valorisent leur achat; les femmes se prennent a imaginer la tete de leur voisin de palier... mignon le petit gars...

Chaque pays a ses traditions, et en France, faire de la publicité sans y méler un peu de cuisse, que ce soit celle d'une femme ou d'un bébé, est impensable. Pourquoi?
Tout simplement car la publicité se doit d'être percutante et de frapper les gens dans leurs souhaits. Or quels sont-ils, ces souhaits? Tout simplement qu'on les sorte de leur quotidien. Mais alors, me direz-vous comment faire?
Il faut les faire rire, ou allumer leur intérêt. Pour faire rire, on ne peut plus rien faire d'autre que de taper sous la ceinture, sous peine d'être attaqué par toutes sortes de groupements qui fleurissent, à qui mieux mieux, et qui tous sont potentiellement capables de faire perdre une élection. Tiens c'est vrai, en France on est en période électorale. Mais à y regarder de plus près, n'y sommes-nous pas en permanence?
Depuis 30 ans ceux qui ont gagné ont à coeur d'appliquer, non leur programme, mais celui des perdants, ce qui fait que les français sont toujours piégés, alors comment ne pas l'être? Tout simplement en montrant de la cuisse, et plus si possible, car là, tous les français sont d'accord, la cuisse ça fait vendre, ! ... et ça ne peut pas faire perdre une élection!

Nouvelle affiche publicitaire japonaise porteuse de la caution d'une vedette americaine qui ne mettra jamais les pieds dans le bien immobilier que l'on veut nous vendre. Et aujourd'hui, il s'agit de Madonna qui commence a fatiguer, et meme, a nous fatiguer. Apres avoir tate de la culture noire (elle se disait blanche de peau mais noire d'ame, il y a quelques annees de cela), a la kabbale juive (d'ailleurs ne voulait-elle pas qu'on l'appele desormais, Esther ?) la voila semble-t-il convertie aux bienfaits du capitalisme louche du monde de la construction nippone... Alors donc, apres la culture noire et la kabbale juive, Madonna serait-elle en train de gouter aux joies simples et materielles, de la pegre du pays ?