Le blanc

Il est bien connu qu'au Japon, le blanc est une couleur cherie entre toute, symbole de purete, de raffinement et jadis, de noblesse.

Depuis l'Epoque Heian (et peut-etre meme avant) les femmes des hautes spheres de la Societe aiment a entretenir un teint de porcelaine soit par un regime draconien et la consommation d'aliments legers et digestes, soit par des moyens mecaniques tels que le recours systematique a tout ustensile propre a proteger du soleil - le Japon est certainement aujourd'hui encore "le pays de l'ombrelle" - soit en couvrant son visage eventuellement jusqu'a la nuque et aux epaules de lourds fards clairs, sans parler de la ceruse dont les geishas et les comediens de kabuki usent comme marque distinctive de leur profession.


Ce blanc, il est partout et meme s'il existe depuis une quinzaine d'annee une frange de la jeunesse qui se prefere bien bronzee et meme parfois au teint "crame", c'est une tendance qui s'est tres nettement ralentie depuis cinq ans et la peau claire semble devoir reprendre le dessus au Japon, tandis qu'en France, on commence a prendre conscience des dangers de la sur-exposition au soleil, apres il est vrai plusieurs decennies d'une promotion mediatique et cosmetique soutenue en faveur du bronzage...


Au Japon donc, les accessoires de protection se vendent comme des petits pains, des grands magasins aux supermarches de quartier, on trouve partout des ombrelles, des chapeaux a larges visieres, des gants opaques qui s'etendent jusqu'aux coudes etc. Bien entendu, les entreprises productrices de produits de beaute trouvent-la un marche monumental et juteux, car le Japon est certainement le pays ou se consomme la plus grande quantite par femme et par an, de fond de teint et de produits blanchissants dont beaucoup fabriques par des laboratoires francais, sont pourtant interdits de vente dans l'Hexagone. Encore une fois, Verite en deca des Pyrenees, erreur au-dela.

Il est vrai que la blancheur peut a ce point etre envisagee comme un "art de vivre" qu'il existe meme au Japon, une entreprise qui s'en est faite le heraut, le fameux institut de beaute SONOKO (cliquer ici) cree par feue Mme Suzuki Sonoko, qui propose cremes, soins, conseils vestimenaires et bien d'autres choses pour se faire un monde eclatant de blancheur... jusqu'a helas bien souvent, le mauvais gout car quand le teint d'une personne tire un peu trop sur le blanc, loin de lui faire une bonne tete, ca lui donne surtout l'air d'etre sur le point de trepasser...




Quoiqu'il en soit, le blanc est toujours vendeur, d'autant plus qu'il est toujours aussi fortement tenu en grande estime par les japonais dont certaines expressions ont fixe dans leur langue et dans l'imaginaire collectif la notion de "beaute du blanc", comme par exemple "Akita bijin" qui rappelle qu'a une epoque, les femmes de la province d'Akita etaient considerees comme l'incarnation de la beaute nippone desirable, a cause de la blancheur de leur peau...

Ce gout pour ainsi dire national, se traduit de nos jours encore par des affiches ou les mannequins ne sont pas toujours japonais, mais ont tres souvent pour caracteristique premiere d'etre tres, tres claires de peau...




Voila pour Tokyo, et voyons ce qu'on a a retorquer a cela du cote de Kyoto:

En ce qui concerne l'utilisation du fard blanc au Japon, je pense que cela fait partie d'une culture ancestrale et se perpétue encore de nos jours en particulier dans certains théâtres, dans des circonstances particulières et à certaines fêtes de l'année, car dans ce monde de technologies avancées, le pays conserve un grand attachement à ses racines culturelles !

Peut-etre connaissez vous cet improbable produit de beauté traditionnel japonais raporté de Corée pour le plus grand plaisir des beautés japonaise, l 'Uguisu no Fun, c'est à dire le guano de rossignol, oups je veus dire de Bouscarle (うぐひす) qui est utilisé depuis plus de 1000 ans par les coquettes japonaise pour obtenir un teint blanc ....

Exact, mais il faut dire que si on se met de la crotte d'oiseau sur le visage, qu'on ne s'etonne pas apres si on pue du bec

Bon d'accord, c'est pas drole, n'insistons pas...

Alors pour revenir a quelque-chose de plus constructif, rappelons que si les femmes japonaises - celles qui avaient du savoir-vivre et les prostituees de tous etages - se blanchissaient volontiers le teint, les femmes mariees, elles, se noircissaient les dents. Cette pratique qui s'intitulait ohaguro { お歯黒 } a perdure jusqu'a la fin de l'Epoque Edo et a depuis lors disparu, et c'est heureux. Quoique parfois...









BONUS !
Une vieille publicite des chemins de fers nippons, pleine de cette beaute traditionnelle du Japon qui a su seduire nombreux d'entre nous, avec beaucoup de blanc, un peu de noir et un peu de rouge... A visionner sans moderation !!!

Le blanc, une des couleurs-phare a Kyoto, ville des visages ceruses des geishas (vraies ou fausses) qui deambulent dans les rues etroites de la ville...




Ci-dessus, nous retrouvons deux affiches typiques de l'ambiance visuelle qui existe a Kyoto, avec a gauche une publicite des patisseries Yuko, et a droite, une autre pour une marque de patisseries "a l'ancienne" qui peuvent se deguster a l'issue de ceremonies du the, modernes...
Mais il ne faudrait pas croire que le blanc n'inspire que dans l'ancienne Capitale, le maquillage sur-blanc des geishas (evoque plus haut par l'amie Ika San) redevient de plus en plus a la mode, par la grace notamment de produits de beaute de composition actuelle, le guano de rossignol n'etant plus en odeur de saintete parmi les elegantes de notre temps...




Le blanc au moyen de cosmetiques couvrants ou depigmenteurs est certes un moyen tres repandu au Japon mais le mieux demeure, aux yeux meme des japonais, le teint de porcelaine authentique, une des raisons du succes aupres des hommes et des femmes, d'actrices comme Koyuki et avant elle, de Miyazawa Rie que nous retrouvons ci-dessous.




C'etait il y a quelques jours, dans la presse du pays. Deux couvertures d'un coup pour Miyazawa Rie, dont certains ne cessent de predire la fin de carriere (tout comme pour la belle Kuroki Hitomi) mais qui, toujours, se plait a dejouer les pronostics des mauvaises langues aux motivations pas toujours blanc-bleu...

Mort Shuman a écrit:

Il y a quinze ans à peine
Il y a quinze ans déjà
Ma mémoire est incertaine
Mais mon cœur lui, n'oublie pas

Un été de porcelaine
Un cœur pour la première fois
Qui chavire et se déchaîne
Et balbutie ses premiers pas

Mort Shuman Un été de porcelaine