Les 19-20-21 mai 2006 s'est donc deroule le grand festival folklorique dit
SANJA MATSURI ( 三社祭 ) dans le quartier pittoresque d'
ASAKUSA a Tokyo (cliquer ici).
Ce festival est un des plus grands et un des plus fameux de l'archipel nippon, un succes qui implique que chaque annee,
1.500.000 personnes affluent de tous les coins du pays pour assister a ce moment d'exaltation populaire, a cette communion des differences individuelles qui composent l'identite nationale.
SANJA MATSURI est aussi et avant tout, une grande fete religieuse qui met en scene trois dieux (celui de l'est, celui de l'ouest, celui du sud) regroupes autour de la deesse de la misericode,
KANNON, sainte-patronne du temple principal d'Asakusa: le
SANSOO-JI ( 浅草 ) (edifie entre 628 et 645 ap. JC !).
Jadis, les trois dieux qui sont des divinites shinto, et Kannon qui est plutot bouddhique, etaient fetes conjointement jusqu'a ce qu'une loi de 1868 impose la separation des cultes pour des raisons essentiellement politiques: il importait a l'epoque de restaurer l'autorite de l'Empereur, chef de l'Etat mais aussi descendant direct d'une divinite et en tant que son representant sur Terre, "Pape" du shintoisme.
Ce n'est qu'il y a sept ans que la loi de separation des cultes a ete amendee, ouvrant la porte au rapprochement des cultes bouddhiques et shintoistes, tels qu'on les retrouve desormais associes dans une meme fievre joyeuse.
Pour qui souhaiterait ne pas manquer le prochain
SANJA MATSURI, il convient de se souvenir qu'il commence tous les ans, le troisieme vendredi du mois de mai, mais aussi d'annoter des a present son agenda 2007 et eventuellement de se renseigner aupres du syndicat d'initiative d'Asakusa:
Tokyo Convention & Visitors Bureau
Addresse: Senior Work Tokyo Bldg. 7F 3-10-3 Iidabashi
Chiyoda-ku, Tokyo 102-0072, Japan
Telephone +81 (0) 3 5211 2171
Telecopie: +81 (0) 3 5211 2180 Durant cette fete, des benedictions sont prononcees et des processions de trois
MIKOSHI ( 神輿 c'est a dire des sanctuaires portatifs) sont suivies avec energie et enthousiasme par de nombreux participants portant des tenues traditionnelles, et de plus nombreux spectateurs encore. Les mikoshi sont portes a l'epaule par deux colonnes paralleles d'hommes ou de femmes, honneur douloureux car faire des kilometres en pietinant, presse par la foule, pris en sandwich entre les autres porteurs, des centaines de kilo en mouvements verticaux comme horizontaux sur la clavicule, ce n'est pas forcement ce que tout un chacun recherche comme passe-temps du week-end. N'empeche, ils sont nombreux, ceux qui se disputent ce privilege, car il est avant tout vecu comme une benediction pour tout le reste de l'annee.
Dans les nombreuses petites rues qui coupent l'artere principale menant au temple - la fameuse allee aux deux-cent d'echoppes qui s'appelle
NAKAMISE DORI ( 仲見世通り ) - se tiennent des petits theatres ou se jouent des airs endiables de musique folklorique japonaise, flutes et tambours a tue-tete; les abords du temple sont entierement meubles de stands ou s'arrachent a n'importe quel prix des talismans, des masques burlesques, des tissus traditionnels barioles, toute un florilege d'accessoires propres a participer aux rejouissements, et de nourritures de fete; et partout, ce sont des couleurs eclatantes qui excitent le regard, tandis que les cris de bonheur dechirent l'air jusqu'aux cieux.
- FIN DE L'AVANT-PROPOS -
I] LA PREPARATIONPour tout dire, le vendredi 19 mai 2006, jour qui devait marquer le coup d'envoi des festivites dans le quartier d'Asakusa, a surtout ete un enchainement de faux departs a cause d'une pluie menacante et lunatique. Du coup, cette journee s'est de fait, muee en super-preparation, mise en route en douceur que nous allons donc visiter ensemble.
Un chariot prevu pour le deplacement des petits orchestres traditionnels ambulants attend son heure dans son coin. Qu'il semble triste de ne pouvoir etre acclame. C'est qu'avec seulement trois jours de gloire par an, il ne faut surtout pas rater une minute de sa prestation...
Certains organisateurs "secondaires" tuent le temps en discussion. Les tambours qui tronent au premier etage, eux, n'ont pas meme cette chance de pouvoir faire entendre leur voix; ce serait parler trop tot...
Des charpentiers, fideles auxiliaires des fetes depuis au moins le Moyen-Age, commencent a fixer le sanctuaire portatif (MIKOSHI) sur son brancard. Il convient de preter la plus grande attention a cette operation car ce mini-monument est en dur bois laque et en metaux (cuivre, laiton, fer, or). Il ne faut surtout pas qu'il branle d'un millimetre sur sa base. Si le mikoshi venait a tomber, ce serait un presage de grand malheur pour tout le monde...
Bien que nous soyons en pleine journee d'un jour ouvrable - ne l'oublions pas - les badauds affluent de partout, et quoique japonais et pour beaucoup, pas nes d'hier, tout le monde semble fascine; c'est avec un grand respect pour l'autel comme pour le travail des artisans, que cette foule compacte commente a voix basse l'avancement des operations. Ici, on ne se moque pas; on admire.
Sourire de star, mains sur les hanches, on attend la fete de pied ferme, le torchon elegamment noue autour du front. Il est certain qu'a l'heure qu'il est, si la pluie n'avait pas tout retarde, on en serait a suer a grosses gouttes sous le mikoshi...
Ce vieux monsieur qui ressemble a plusieurs egards, au personnage des fetes folkloriques japonaises
(Hyottoko), pose bien aimablement pour notre site. Son allure bonhomme prete a sourire, on l'imaginerait presque a danser quelque sarabamde saugrenue comme il est de coutume au Japon de le faire quand on porte un tel fichu sur la tete. Puis l'homme se retourne et la, on baisse les yeux: son vetement est entierement recouvert des tampons des temples qui forment le fameux reseau du grand pelerinage de Shikoku. Ce monsieur est un pieux, aussi sa photo peut-elle etre consideree avec la plus grande estime, comme un porte-bonheur.
Les etals de gourmandises de fete attendent le chaland avec impatience: quelle idee aussi, de pleuvoir un jour de
SANJA MATSURI... Parmi ces mets de rejouissances se trouvent les sempiternels yaki-soba (nouilles sautees), les bananes au chocolat, les pommes d'amour, les tako-yaki, les brochettes diverses, etc.
Autres etals caracteristiques des festivals, grands ou petits, ceux des vendeurs de masques de fete, de jouets bruyants, de porte-bonheurs kitschs, de reproductions miniatures des mikoshi a l'honneur ou de quelque dieu bienveillant.
Avant derniere porte (monumentale) avant le batiment principal du Temple d'Asakusa. Pour l'instant, on peut flaner devant, derriere ou au centre, mais des que la fete commencera a s'activer, ce goulet d'etranglement ne se franchira plus qu'a force de patience... divine.
Dans une rue transversale, court un colporteur a l'ancienne, charge de sa double reserve-table-etal de style typiquement Edo. Les colporteurs de l'epoque devaient avoir des bras d'acier, mais on n'ose penser au nombre de pauvres bougres casses en deux par une charge trop lourde pour eux. Le pittoresque a un prix qui explique que l'on prefere souvent s'en passer au profit du confort.
Puisque la fete se refuse a commencer, profitons de ce sursis pour acheter quelque-chose a la boutique de kimono. A ce moment precis, le soleil se fait soudain de plomb, mais trompeur. Quelques minutes plus tard, il tombait de grosses gouttes qui font douter, et vident les rues.
- A SUIVRE -